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La diplomatie au service du développement économique

by Jean Tele Udimba, VP Exécutif, Académie CANLEAD

April 25th 2018

La diplomatie a d’abord été un échange entre deux États, d’où le nom de diplomatie bilatérale. Mais à partir du XXe siècle et notamment à partir de la Seconde Guerre mondiale, avec le développement des organisations internationales, un nouveau type d’ambassadeur est apparu, l’ambassadeur multilatéral, qui représente son pays auprès de telle ou telle organisation internationale (ONU, UE, UA, OTAN, OCDE par ex.) et auprès des institutions européennes ou africaines. Aujourd’hui ces deux modèles de la diplomatie sont appelés à s’adapter à la globalisation des économies où les rôles traditionnels des ambassadeurs multi et bilatéraux doivent changer.

La tâche des diplomates évolue donc avec la globalisation des échanges commerciaux. Bien que deux domaines de la diplomatie traditionnelle gardent leur signification. Il s'agit d'une part du travail consulaire dont l'activité est accrue en raison de la plus grande mobilité des gens et, d'autre part, de la promotion des contacts culturels qui doit continuer à être définie de façon bilatérale. Ayant atteint le stade de la maturité et unanimement appréciée, la diplomatie doit à présent, encore plus que par le passé, participer activement dans les réponses à apporter aux préoccupations des peuples. Elle doit aussi contribuer à faire entrer harmonieusement le pays dans le monde de l’économie mondiale qui se met en place.

Une profonde restructuration de la diplomatie devra être opérée en ciblant les missions diplomatiques à l’étranger en fonction des objectifs spécifiques et des intérêts de chaque pays (échanges commerciaux, technologiques, financement et investissement).

La mondialisation et la globalisation des problèmes obligent la plupart des pays à réviser les pratiques de la diplomatie classique pour adopter une approche plus pragmatique, qui consiste à orienter les activités et toutes les initiatives de la diplomatie vers des objectifs de développement économique et social. Cette diplomatie qui se veut plus active, plus dynamique en direction des partenaires d’affaires dans un nouvel environnement global doit contribuer avantageusement au développement économique de pays. Elle constitue ce que nous appelons " une diplomatie des affaires.

Il est devenu important de constater que l'économie occupe une place considérable dans l'univers présent : elle sert de grille d'explication universelle, elle est perçue, à tort ou à raison, comme le moteur principal de l'histoire du genre humain, elle est l'instrument de mesure des réussites et des échecs. La croissance du produit national brut est devenue le principal indicateur du progrès, le développement de l'humanité se mesure en pouvoir d'achat, le rayonnement d'un pays passe par l'activité et l'inventivité de ses entreprises enfin, sur la scène internationale, l'autorité des nations repose sur des « fondements » solides et une batterie de bons indicateurs. Il n'y a donc rien de surprenant à ce que l’économie semble accaparer une part grandissante des relations internationales et, par voie de conséquence, happer inéluctablement la diplomatie à laquelle elle impose ses préoccupations, ses échelles de valeurs et ses ordres du jour.

La diplomatie économique n'est cependant pas née d'hier. De tout temps, la défense des négociants travaillant sur des terres étrangères, le soutien de leurs entreprises et la sécurité des routes qu'empruntaient les marchandises ont compté dans la politique extérieure des États comme faisant partie de leur mission fondamentale de protection de leurs nationaux et d'organisation des relations avec les autorités étrangères. Ce qui est nouveau est l'élargissement des horizons avec l'irruption de nouveaux sujets qui ont entraîné la diplomatie vers de nouvelles méthodes, de nouveaux agendas et de nouveaux lieux. Cela conduit à soulever au passage un grand nombre de questions qui ne sont pas secondaires sur les pouvoirs réels des États face au fonctionnement autonome des marchés et sur l'efficacité de leur activité diplomatique vis-à-vis d'entreprises qui se développent dans un univers où les gouvernements ne font plus la pluie et le beau temps. C'est pourquoi la diplomatie économique prend une telle importance.

Dans un contexte où la distinction classique entre le politique et l'économique, entre l'intérieur et l'extérieur, n'ont plus grand sens, elle ne peut plus être seulement l'expression d'une politique étrangère. La nouvelle diplomatie exigée maintenant des nouvelles approches, des nouvelles stratégies et des nouvelles méthodes. La mondialisation des marchés a eu un impact puissant sur la diplomatie classique. Dans le passé, la guerre froide a mis un frein sur l’implication des ambassadeurs de certains pays dans les négociations des affaires. Aujourd'hui les accords des investissements et des financements sont très souvent négociés au plus haut niveau par l'intermédiaire des ambassades. De plus en plus les ambassadeurs sont moins attachés aux tâches protocolaires ou à la diplomatique traditionnelle et sont néanmoins orientés vers des tâches nouvelles comme la promotion active de leur pays en termes des investissements, des financements et du développement.

Cette diplomatie économique vise notamment à renforcer les relations commerciales par le biais de négociation des affaires. C'est particulièrement vrai sur le plan économique dont l'ampleur de la nouvelle diplomatie incite les ambassadeurs à devenir des cadres et des agents de la mondialisation des marchés. La nouveauté réside dans le fait que la diplomatie commerciale traditionnelle est devenue pleinement économique. D'abord, elle couvre toutes les formes de l'action économique, intégrant les négociations d’affaires, les échanges commerciaux, mais également la recherche des financements et des investissements. L'appui aux entreprises nationales s'inscrit désormais au cœur de la mission de la nouvelle diplomatie des affaires. Le diplomate doit posséder une culture suffisante pour interpréter l’évolution des marchés nationaux et internationaux, des marchés financiers et du monde économique. Il doit également communiquer davantage pour répondre à des opinions publiques de plus en plus alertées c.-à-d. utiliser la nouvelle communication pour promouvoir son pays (réseaux sociaux, Face book, Internet, You tube, twitter, Blog, presse spécialisée etc.

L'accès des entreprises aux marchés des pays émergents doit être facilité par la nouvelle diplomatie. Ainsi, la « diplomatie des affaires » du 21esiècle deviendra un instrument essentiel de pénétration des marchés. Les diplomates doivent également devenir des modèles de compétence, de polyvalence, d’efficacité, d'intégrité morale et de patriotisme pour faire face à ce monde multipolaire. Reste au gouvernement de mettre des moyens nécessaires pour que les ambassadeurs puissent remplir convenablement ce nouveau rôle de la diplomatie des affaires.

© Jean Tele Udimba



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